Entre le Mont-Saint-Michel et Saint-Jacques-de-Compostelle

Une étape qui devait être petite... mais sans balisage, on fait des erreurs et le kilométrage monte à 24!

Le matin je me rends d'abord à l'église qui est sur mon chemin. J'aime beaucoup cette atmosphère calme, cette atmosphère de paix qui règne dans cette église sobre, faite de pierres qui semblent tendre vers le haut, suséïa ! Il ne manque que la parole à ces pierres, à ces hauts piliers. Je crois qu'ils chanteraient!

Ensuite je passe à la mairie puisque je n'ai toujours pas de tampon de Surgères sur ma crédentiale (Aucun accueillant n'est venu au gîte ) . J'en profite pour demander des tuyaux pour passer une nuit à Taillebourg, mais toutes mes tentatives restent vaines, même l'appel à la Paroisse de St Savinien. J'aurai recours à une autre solution !

Je traverse très admirative le grand parc qui prolonge cette belle zone centrale de la ville. Toute l'allée est décorée de textes poétiques reposant chacun sur un pupitre original qui en lui-même est déjà une œuvre d'art.

Dans le parc

Je manque me laisser entraîner sur le chemin balisé qui va à Saint Jean d'Angély, mais je rectifie vite grâce au tracé que j'ai sur mon téléphone et qui doit m'emmener directement à Saintes. Les gens que j'ai interrogés ne sont au courant de rien, cette guerre entre les deux associations est si ridicule et indigne de St Jacques!

Une fois lancée sur le bon chemin, je ne verrai plus âme qui vive avant l'arrivée à l'étape ou presque. Les premières vaches, ce sera à 5 kilomètres avant l'arrivée, les humains encore bien plus tard!

Je marche certes sur de la route, ou au moins des chemins empierrés, mais c'est moins monotone qu'hier, c'est plus vallonné et varié. Peut-être aussi est-ce mon regard qui change... Pourquoi n'admirerait-on pas ces grands espaces colorés au soleil? Les reflets dans l'eau sont quelque chose de magique, mais un paysage sans rivière peut être magnifique aussi. A nous de savoir savourer la nature partout, comme elle est! Ici, elle est riche en couleurs, sur fond jaune, vert ou beige, des fleurs viennent apporter une touche de gaité .

Et puis je m'applique à reconnaître les cultures et les plantes, avec l'aide de Google qui répond parfois à mes questions.
En dehors des céréales habituelles, j'apprends les " visages" de la luzerne, du colza presque prêt pour la récolte, de la coriandre, des tournesols encore sans fleurs...

C'est ainsi que j'avance, presque sans m'en rendre compte, agréablement, entre les zones ombragées et les zones en plein soleil.
Je bénis parfois les grands arbres, frênes ou érables champêtres qui étendent leur parasol feuillu et arrêtent les ardeurs du soleil au-dessus de ma tête. 

Les premières moissonneuses-batteuses sont déjà à l'œuvre, je suis leur ballet avec le tracteur qui amène la remorque.

Point d'orgue de cette étape : la montée sur les "crêtes" (altitude : moins de 50 mètres), au parc des Eoliennes de St Crépin où la vue est magnifique sur cet ensemble de cultures. Il fait chaud... J'arrive déjà plutôt "cuite" en haut, mais là, sans ombre, j'ai l'impression de passer sous le gril final pour gratiner le plat.

Pour la descente, on commence par une large allée forestière, ça va mieux! Alors que je vérifie la direction, un VTTiste arrive (le 1er être humain depuis Surgères !) me confirme aimablement mon itinéraire.

Et me voilà à Tonnay sur Boutonne où je suis bien accueillie et installée dans la "maison de Mémé" au milieu des vieux meubles. Je crois retourner 60 ans en arrière à l'époque de mes grands parents, pas de prise de courant dans la chambre, la lampe s'allume à l'aide d'un fil qui pend au-dessus du lit...un vieux bahut (superbe) gravé 1848... Alors le wifi...! Même pas dans mes rêves !

Le repas m'est servi dans cette maison, mais j'y suis seule... seule pour entendre peu de temps après le bruit fracassant d'un tremblement de terre, mais la vieille maison de Mémé ne s'écroule pas! C'est juste la cerise sur le gâteau !Ouf!