Message de Noël
A tous mes fidèles lecteurs qui m'ont fait le plaisir de me suivre et me soutenir dans mes péréginations de 2023 je voudrais souhaiter un très heureux Noël, dans la paix, la joie et la bonne humeur, au milieu de ceux que vous aimez, que ces moments de fête soient riches en rencontres, retrouvailles, partages de toutes sortes, comme sur le Chemin!
Et que l'an 2024 vous apporte de multiples joies de toute nature et la forme pour pouvoir les savourer!
24 septembre 2023: Incroyable ! Cerise sur le gâteau !
Je ne pensais pas ajouter encore un article... mais les circonstances semblent me l'imposer: le réveil après 20 heures de bus a eu quelque chose de tellement magique!
D'abord, en sortant de la gare routière de Bercy, j'ai été éblouie par un soleil matinal de toute beauté sur la Seine. En traversant le fleuve par la belle passerelle Simone de Beauvoir, je suis montée vers 4 immeubles d'une architecture particulière que je ne connaissais pas. Mais l'ensemble était magnifique ! Et c'était là, pour moi, car le lieu à cette heure matinale était quasi désert...
Alors que je m'engageais le long de la Seine, sac au dos, pour rejoindre le XV ème arrondissement où habitent mes enfants, un joggeur m'interpelle: "vous êtes bien la dame qui m'a dit il y a deux jours être contente d'entendre parler français à Santiago ?"
Incroyable ! Un pèlerin, rencontré voilà deux jours à Santiago, ici, à Paris, sur mon chemin !
Quelle probabilité y avait-il que cet homme se retrouve sur mon chemin et me reconnaisse ?
Nous échangeons quelques propos, il m'explique que ces magnifiques immeubles, disposés comme quatre livres ouverts abritent la bibliothèque François Mitterrand, et qu'au centre on y a planté un petit espace de pins... comme le "paradis" de pins qui jadis accueillait les pèlerins devant la cathédrale de Santiago.
Coïncidence? Élucubrations de mon esprit encore imprégné de Santiago ? Peu importe, j'en ai éprouvé une grande joie et je voulais vous la partager !
23-24 septembre 2023: Fin de l'interlude
La journée d'arrivée à Santiago a été très courte et riche en émotions, ne me laissant guère le temps d'écrire, débutée le matin dans la nuit. Dès 5 heures c'était le branle-bas de combat dans l'auberge, et nous avons fini par suivre le mouvement, pensant qu'après le petit-déjeuner il ferait presque jour. Mais à 7 heures rien n'était ouvert... et nous étions bonnes pour nous lancer dans la forêt bien sombre, tentant d'éviter les flaques et la boue à l'aide de la frontale et de la lampe du téléphone.
Enfin nous arrivons dans une zone éclairée, et une queue annonce un café ouvert. En braves petits moutons nous suivons l'appât du café-tostadas, et effectivement d'ici que nous ressortions, le jour sera levé. Les forêts sont plus belles avec la lumière et nous avançons. De temps en temps la vue se dégage sur une campagne embrumée et c'est alors un bel alignement d'appareils photo qui se met en place naturellement, à part quelques personnes moins respectueuses qui viennent se planter devant tout le monde.
Dans ces moments Nina prend de l'avance, mais j'arrive à la rattraper.
Les choses se corsent à San Païo quand je prends le temps (moyennant une petite queue) de faire tamponner ma credenciale et de visiter l'église Ste Lucie que je ne me souviens pas d'avoir jamais vue ouverte.
A partir de là va commencer la recherche de Nina, que je ne trouve ni à Lavacolla, ni au Monte de Gozo. Pourtant elle attendait dans un café... mais n'ayant pas de forfait de téléphone adéquat, elle ne répondait pas à mes SMS, je la croyais devant moi et j'accélérais, mauvaise idée ! J'approchais de Santiago où nous voulions arriver ensemble... Finalement elle a accepté d'investir dans un SMS payant et nous nous sommes retrouvées sous une averse débutante !
C'est ainsi que nous fîmes notre entrée triomphale à Santiago, à l'hospederia San Martino puis chez Manolo, après une nouvelle longue queue !
Pas de queue par contre pour aller voir mes "collègues" à l'accueil francophone, les français sont toujours aussi rares, je l'avais bien remarqué sur le. Chemin ! Mais quelle joie de retrouver Arlette qui me tendait les bras en descendant l'escalier! Quelle joie aussi de faire la connaissance de Martine, nouvelle recrue comme moi il y a peu.
Mais Nina est fatiguée et veut aller chercher la Compostela (diplôme de fin de pèlerinage), et aller faire les photos sur la place de l'Obradeiro devant la cathédrale avant d'aller se reposer.
Il me reste un peu de temps pour aller au tombeau de Saint Jacques et faire l'abrazo, rituel par lequel le pèlerin se décharge de tout ce qui lui pèse sur les épaules du Saint.
Ceci fait, direction le Paradiso où je sais que je vais trouver le meilleur poulpe à mon goût !
Après une bonne nuit à l'hospederia, mon programme est tout fait: petit-déjeuner plantureux à l'hospederia, avec jambon, fromage, pain, gâteaux, confitures, miel, salade de fruits, café à volonté... bien plus qu'on ne peut manger, mais pour moi le seul repas équilibré de la journée.
Après ce petit régal, il me reste à finir mon sac, saluer chaleureusement Nina (qui préfère aller à midi à une Messe solennelle à la cathédrale, en souvenir de son ami José) et je pars pour la Messe des francophones où je retrouve non seulement Arlette et ses "collègues", mais aussi Annabel et Elisabeth, les deux bordelaises rencontrées sur le chemin. Après le traditionnel café convivial au bureau, le chant "Ultreïa", et quelques au revoir émus, je prends le chemin de la gare routière où je rencontre de nouveaux pèlerins, et des français ! Plusieurs sont bretons, ils rentrent vers Rennes et Nantes dans le même bus que moi, qu'ils quitteront à Bordeaux. Cela nous laisse le temps de faire connaissance et d'échanger sur nos chemins respectifs dans une ambiance fort sympathique.
L'itinéraire du bus correspond, après la Coruña, au tracé du Camino del Norte. Que de souvenirs ! Je tente quelques photos, mais c'est très difficile, et il me faut économiser la batterie de mon téléphone pour pouvoir utiliser le GPS demain.
Heureusement au bout de quelques heures un petit malin découvre une prise USB bien cachée entre les sièges ! Et chacun de se précipiter pour recharger ces précieux instruments que sont nos smartphones... C'est ce qui me permet d'écrire cette page, avant mon arrivée à Paris Bercy, impatiemment attendue au bout de 20 heures de route.
Après cela, 4 kilomètres à pied pour dérouiller les jambes,et je pourrai embrasser enfants et petits-enfants à Paris, avant le retour final en Alsace lundi.
Quelques photos par les fenêtres du bus
Désolée, ça ne représente pas vraiment la beauté des paysages...
22 septembre 2023: de A Rua à Santiago
L'essentiel de la journée : arrivées à Santiago !
Nous y voilà, après quelques heures de marche (une vingtaine de kilomètres), commencées à la frontale alors qu'il faisait encore nuit, après quelques magnifiques moments dans une nature précieusement enveloppée dans la brume matinale :
après le passage obligé du pèlerin de jadis pour se "décrasser"...ô l'humide Galice riche en rios!
après les classiques possibilités de photos souvenir :
Un arrêt à la chapelle dédiée à Sainte Lucie à San Paio
Sainte Lucie
sous la protection de la Guardia Civil à cheval cette fois
sans oublier l'arrêt à San Marcos au Monte de Gozo:
Monte de Gozo où je n'ai plus retrouvé le monument souvenir du passage de Jean-Paul II...
mais d'où le pèlerin fatigué aperçoit pour la première fois la cathédrale de Santiago :
enfin... après seulement une semaine de marche pour moi cette fois
l'entrée vers le passage au tombeau et à l'abrazo (le pèlerin dépose virtuellement tout ce qui encombré sa vie sur les épaules de Saint Jacques)
Ici la statue en métal de Saint Jacques où l'on accède (après avoir fait la queue...) par un escalier:
Une nécessité après tous ces efforts : reprendre des forces chez Manolo avec des pimientos de Padron
du poulet richement servi
Une "natilla de la casa", délicieuse crème maison
ou du poulpe arrosé de sangria au Paradiso...
Cerise sur le gâteau : un beau coucher de soleil par notre fenêtre de l''hospederia San Martino :
Pour les détails des péripéties du jour, j'aurai sans doute le temps dans le bus... une vingtaine de heures vers Paris!
21 septembre 2023: de Ribadiso à A Rua (O Pino)
C'était donc vrai ? ce que nous disait hier soir un français ( oui, on en trouve parfois, mais rarement !) au restaurant... il se demandait s'il allait vraiment finir ce chemin jusqu'à Santiago tellement il était déçu par le changement d'ambiance sur la fin du camino: le trop de monde fait qu'on ne se parle plus, on ne s'entraide plus, on ne se voit plus...
Je croyais avoir trouvé une solution en me réservant de petits espaces de tranquillité... Mais ce matin j'ai quand même eu ma vague de dégoût en voyant la masse de bagages entreposée dans les entrées des auberges et hôtels, attendant d'être chargés dans des voitures ou camionnettes, le nombre de bus et de voitures en attente de pèlerins, le nombres de voitures s'arrêtant devant les endroits où sont mis à disposition des tampons pour les credenciales, la pile de credenciales que certains tamponnaient, la queue occasionnée par la présence de ces sacro-saints tampons... ou dans les bars...
Pour faire pipi c'est la queue de gauche, pour un café celle de droite...
Je plains le personnel de service dans ces conditions... Mais il est affiché au mur en espagnol bien sûr : " le touriste exige, le pèlerin remercie". Combien de pèlerins ?
Je connaissais les bouchons sur les routes et autoroutes, maintenant je connais aussi les bouchons sur le Camino! A Arzua, j'ai rencontré deux cyclistes français et nous avons bavardé, ils me disaient qu'ils n'avaient pas trouvé à se loger à Santiago, même les hôtels à 250€ la chambre sont complets! Ils logeront donc à Lavacolla, finiront à pied et rentreront à leur hébergement en bus! Du fait de ce petit arrêt avec eux évidemment j'ai perdu Nina, et impossible de la rattraper dans cette foule munie de mini sacs à dos. J'avais beau mettre le clignotant à gauche, impossible de me frayer un passage. C'est elle qui a fini par m'attendre...
Pas mieux pour faire des photos... il faut les prendre au vol quand on trouve en créneau dégagé et surtout ne pas s'arrêter si on ne veut pas se faire "enfermer" de nouveau!
Souvent les châtaignes jonchent le sol détrempé... la terre malaxée par le passage de milliers de chaussures ressemble vite à celle piétinée par un troupeau de vaches... on en regretterait presque le goudron !
J'ai quand même eu le plaisir de voir un peu le soleil se levant derrière nous, quelques espaces forestiers et campagnards, de lancer un "buen camino" aux pèlerins chargés d'une vraie "mochila" ou aux quelques rares autres qui avaient encore l'idée de saluer, mais ça ne m'a pas coûté beaucoup de salive!
Autre petit plaisir... avec la Guardia Civil qui veille sur les pèlerins, il y avait un jeune gendarme français, plutôt beau garçon au demeurant, avec qui j'ai pu causer un peu: il est là au titre d'une collaboration franco-espagnole, la Guardia Civil envoie aussi des hommes en France. Bien sûr, après ça, quelques efforts furent nécessaires pour rattraper Nina!
Quelques kilomètres avant l'arrivée, nous avons décidé de faire une petite pause sur la terrasse d'un bar: pas la peine de consommer, le personnel est tellement débordé que ça ne gêne personne ! Mais pendant ces quelques instants le temps a changé, un grand coup de vent et la pluie est arrivée, ceux qui mangeaient sur la terrasse ont dû s'habiller pour manger leurs bocadillos désormais arrosés, nous nous sommes équipées et nous sommes reparties pour deux à trois kilomètres sous la pluie.
Mais en voyant tous les autres encapuchonnés, de toutes les couleurs (plutôt gaies!) je me suis dit qu'au final tout le monde peut être pèlerin sous la cape! Petite leçon d'humilité... à chacun son chemin (même si c'est dur de voir "les gens à petits sacs" encombrer les albergues!)
Nous avons fini dans une sympathique auberge "Espiritu Xacobeo", la bien nommée, où nous avons été très chaleureusement accueillies par l'hospitalière qui nous a conseillé un excellent restaurant où nous nous sommes régalées. Dans cette auberge, peu de valises, on préfère les pèlerins à sacs à dos, ça change l'ambiance, on se sourit, se salue, on se parle... Et les installations sont au top! Et j'ai une couverture à mettre sur mon "sac à viande"!
Nous avons la chance d'avoir dans les lits au-dessus de nous deux jeunes allemandes sympathiques d'une vingtaine d'années, qui elles aussi sont très déçues par cette fin de chemin...
A demain, pour vous annoncer la bonne nouvelle de notre arrivée à Santiago !
Rassemblement pour un tampon
En avant toutes et tous!
L'église d'Arzua
Dans l'église d'Arzua
Au bord du chemin, des artisans vendent leurs créations, ici un sculpteur sur bois