Entre le Mont-Saint-Michel et Saint-Jacques-de-Compostelle

Environ 19kms aujourd'hui... Je me suis même permis un petit détour que je n'ai pas regretté!

Je reprends le chemin par où je suis arrivée pour rejoindre mon itinéraire vers Alençon.
Le temps est mitigé et frais, mais c'est acceptable.

Comme souvent, certaines choses font rejaillir de vieux  (ou moins vieux) souvenirs en moi: cette vieille 4L fait surgir dans ma mémoire la grande sœur de la Corsa vue hier, notre 4L orange.
Je croise des chevaux et leur tire le portrait en pensant à mes petits- enfants, en particulier ma petite Lena.
Ou encore ce grand arbre aux fleurs pendantes comme un bouquet... Serait-ce un feu d'artifice pour fêter nos 48 ans de mariage que, en couple moderne, nous avons fêté hier en distanciel par sms ?

Mon esprit se balade joyeusement au son du chant des oiseaux... Quels modèles, eux, qui chantent dans la grisaille et la fraîcheur !

Les fougères, elles, n' ont pas encore repris vie et s'étalent mollement par endroits, tandis que des bouleaux arborent fièrement leurs premières feuilles.

Peu de difficultés au sol, je suis sur des routes forestières goudronnées ou empierrées, mais qui ont tendance à multiplier les frottements dans les chaussures. Gare aux ampoules...

La route est la plupart du temps droite, mais pas plate, entre feuillus ou sapins.
J'admire toujours ces grands arbres dont les silhouettes se détachent sur le ciel gris (même parfois un peu bleu!), leurs bras décharnés semblent câliner le ciel avec confiance dans l'attente du renouveau.

Au carrefour de Diane, je suis un peu déçue que mon chemin ne m'emmène pas à St Rigomer des Bois où est annoncée une église avec portique, ce qui attise ma curiosité. Comme le temps semble se maintenir, je décide de faire un crochet et je suis bien récompensée: certes, il faut monter, le petit village est sur un tertre, mais un panorama magnifique s'étale devant mes yeux, au fond on distingue une ville, Alençon.

Le portique de l'église est simplement un support où est accrochée une cloche...mais un banc m'attend là-haut. Je ne m'attarderai guère car un vent froid se lève et après un coup d'oeil au vieux lavoir tout proche je pars rejoindre le "bon" chemin, non sans gamberger de l'esprit encore un peu à la vue de camélias en fleurs... Te souviens-tu, Huguette, si tu me lis, de cette expédition printanière à Lannion?

La météo se corse un peu, j'approche d'Alençon, mais j'y vois la pluie de loin. Je continue à travers champs maintenant, une haie sur ma gauche n'arrive pas à me protéger des rafales qui viennent de droite. Une bourrasque de grésil me pousse à m'équiper de ma cape... Quelle affaire, en plein vent, quand on est seul..Le spectacle ne doit pas être triste, mais il n'y a personne pour regarder, ni pour m'aider.
Une fois que je l'ai mise en place, il ne tombe plus rien du ciel!
 Il doit me rester deux ou trois kilomètres jusqu'à mon hébergement, mais tout à coup une averse plus violente me transforme en saule pleureur dégoulinant de partout!
J'ai hâte d'arriver et de me sécher, mais personne à la "Maison de Mathilde" où j'ai réservé : il faut mettre son chèque dans la boîte de l'entrée, prendre la clé, et tenter d'ouvrir la porte... En fait j'ai sauté une ligne des instructions, et je n'ai pas vu qu'il fallait appeler la propriétaire pour avoir un code. Je l'appelle, une fois, deux fois, trois fois...elle finit par répondre et je vais donc pouvoir commencer les opérations de séchage... sans papier journal pour les chaussures, ça ne passe pas par le téléphone !

Écoeurée par ce genre d'accueil, je me calme un peu devant la télé. Et finalement, exactement comme à Illiers Combray cet automne, c'est la gérante ou propriétaire de la crêperie qui d'une part me régalera, et d'autre part, par sa gentillesse, son intérêt pour mon chemin, fera office d'accueillant et je lui demanderai de me tamponner mon carnet du Miquelot.