Entre le Mont-Saint-Michel et Saint-Jacques-de-Compostelle

Vive l'été ! Bonne fête de la musique!

Pour moi ce sera une longue et dure étape... Au total je frise les 30 kilomètres, et dans des conditions pas optimales: environ un tiers du parcours se fait dans le sable (comme sur une plage, mais c'est la dune), c'est fatigant, je regrette presque mes raquettes à neige, et en plus les orages n'ont pas abandonné la partie même s'ils ont perdu en violence.

Le chemin de sable qui devient un classique sur les dunes!

Ce matin je me suis tout à coup rendu compte que j'ai sans doute mangé mon pain blanc sur ce chemin : si je regarde la carte je m'aperçois que je ne verrai pas souvent l'océan et que les longues trajectoires toutes droites en forêt seront désormais mon quotidien ! En sera-t-il vraiment ainsi?

J'espère quand même rencontrer encore des pèlerins mais il n'y a plus d'accueil pèlerin ou si peu ! Je risque de continuer à vivre solitaire dans des campings vides où je n'aurai même pas l'occasion d'acheter des vivres puisque tout est fermé, les touristes c'est plus tard, alors on n'ouvre pas les boutiques... Autre forme de pèlerinage sans doute !

Pourtant, j'ai eu un excellent contact avec le personnel du camping qui a été aux petits soins avec moi. Ce sont aussi des rencontres sympathiques !

Ce matin mon petit-déjeuner a été très frugal, puisque je n'avais pas pu acheter grand-chose. Mais il me restait deux petits cookies que Françoise m'avait donné pour la route hier et que je n'avais pas pu manger sous la pluie : je les ai savourés avec plaisir, et par la même je me suis aperçu combien Françoise avait compté pour moi sur le chemin !

Je démarre donc la journée sur des pensées plus positives: oui, mon chemin a encore beaucoup de bonnes choses à m'apporter! Déjà, mes pieds se réjouissent d'être sortis du milieu plutôt aquatique des chaussures de la veille: elles sont sèches et agréables ! Ultréïa ! Je peux marcher correctement dans la relative fraîcheur du matin.

C'est vrai qu'il y a eu du "toujours tout droit" aujourd'hui... La route pour les automobilistes, la piste cyclable pour les cyclistes et les côtés plus doux sous les pieds pour les piétons !

Ici c'est du sable, juste pour les piétons ! Dur dur d'avancer, mais je pense aux autres chemins qui après les grands orages doivent être très boueux, ici au moins je suis un peu au sec!

C'est ainsi que j'arrive à Montalivet, grosse station balnéaire. Un petit sentier forestier m'appelle, je consulte ma carte et j'y vais joyeusement car il mène à l'océan !

En cours de route je trouve une ronde d'enfants assis par terre autour de leur maître : ils viennent de la région de Bordeaux et sont en classe de découverte.

Nous échangeons un peu et je poursuis dans la forêt ensoleillée, ravie de cette rencontre, du ciel bleu et.... Le voilà, l'océan, superbe!

Je décide de prendre le temps de poursuivre mon escapade, après tout, je n'ai plus de montre, et...

Quel plaisir ! Carpe diem...

Après avoir traversé la station par l'artère principale bordée de boutiques d'articles de plage plus ou moins ouvertes et de restaurants, je tombe sur la boulangerie : elle ouvre dans deux jours! Un peu plus loin, enfin une petite supérette ! Je fais le plein (enfin, comme on peut dans un sac à dos!), sans oublier un cookie géant qui me rappelle le plaisir du matin et je repars sur ma trajectoire rectiligne...

Tiens, un nouveau petit chemin sur la droite m'invite à la découverte de la forêt dunaire, allons-y!

Après ces petites escapades comme une écolière qui fait l'école buissonnière, j'accepte mieux le retour à l'incontournable piste cyclable, qui à ce moment est très fréquentée. Beaucoup de cyclistes me font un petit signe d'amitié ou me saluent joyeusement, rencontres éphémères mais qui embellissent mon chemin. Certains s'arrêtent même, c'est ainsi que je fais la connaissance de Christine, jeune retraitée qui fait sa première expérience seule sans son mari, partie de Grenoble au début du mois elle a traversé la France à vélo et fait près de 1500 km ! Son mari la rejoint dans 2 jours à Mimizan. Bien sûr elle a aussi fait une partie du chemin de Compostelle l'an dernier.

Et aussi ce jeune espagnol qui parle très peu français, mais s'arrête pour me demander comment ça va ! Lui, il parcourt la Gironde et compte aller à Royan par le bac que j'ai pris il y a quelques jours.

Après cela mon itinéraire quitte la piste cyclable et je me retrouve jusqu'à l'arrivée sur un chemin de sable désert.

Non, ce ne sont pas des rochers ce sont des tas de sable partout au bord du chemin ou sur le chemin, ils attirent mon attention mais je ne sais pas comment ils se forment. Des taupes?

Au pied des grands pins la végétation est très verte, des oyats, des plantes qui semblent toutes jeunes, et des myrtilles qui ne promettent que peu de fruits.

Derrière ces grandes rangées de pins, sans doute l'océan !

Au Pin Sec, alors que je m'attendais à un petit accès à l'océan, je dois contourner un immense camping au 3/4 vide, et un grand camp de gens du voyage, étonnamment, ils sont hollandais et ne parlent pas français. Dur de me dire où est passé mon chemin de Compostelle !

Mais je finis par trouver la voie de sable qui m'amènera au bout de quelques kilomètres à Hourtin Plage. La difficulté d'y marcher est augmentée d'une part par la fatigue qui se fait sentir, et d'autre part par l'orage hésitant qui m'oblige à mettre et enlever ma cape à plusieurs reprises.

Au camping de la Côte d'Argent, on m'attribue une chambre d'hôtel (pour une tente il faudrait rester deux nuits) où je peux enfin lâcher mes chaussures toutes ensablées !

La petite récompense du soir: un tour à la plage!