Entre le Mont-Saint-Michel et Saint-Jacques-de-Compostelle

Bonne Mère, quelle journée ! Et pourtant il fallait s'y attendre ! Depuis le temps que les orages étaient annoncés... Le chemin n'est pas toujours épargné.

Pourtant la journée avait bien commencé, Françoise était de plus en plus avenante, ouverte, et prête à causer, et son petit déjeuner était excellent, avec confitures et brioche maison.

Au démarrage je vais directement saluer l'océan derrière la dune. Même si j'ai 27 kilomètres au menu, il faut que j'y aille, d'ailleurs il n'est pas loin du chemin.

Ensuite je m'engage sur une interminable piste cyclable doublée d'une route, toujours tout droit ! Il crachouille un peu, de temps en temps. Des cyclistes chargés me dépassent... Iraient-ils à Santiago ? Peut-être sont-ils simplement en vacances, comme Christiane et JP que j'ai rencontrés hier?

Nouveau petit détour vers l'océan : la marée est descendante, on peut voir apparaitre les baïnes qui sont à l'origine des courants dangereux de cette côte.

Un moment de contemplation ...

La dune paraît bien haute...

Il pleut désormais par intermittence : j'essaie de moins transpirer sous la cape en remontant le devant quand il ne pleut pas, ça donne un peu d'air, je le fixe facilement à la lanière du sac.

J'arrive à un carrefour important : ferai-je le détour par la Chapelle de l'Hôpital, qui recevait autrefois les pèlerins et les indigents ? Bien sûr, puisque jusque là le temps semble se maintenir. Je m'engage donc sur une autre piste cyclable qui me fera bientôt quitter la forêt. Mais alors que je découvre de nouveaux paysages, la pluie se met à tomber de plus en plus fort. Jusqu'à présent je ne m'étais pas souciée du tonnerre qu'on entendait de temps en temps. Il me semblait que l'orage était derrière moi. Que nenni!  Je vais devoir marcher sous des trombes d'eau, sans doute sur une espèce de jetée entre des marais. Il est vrai que le relief dunaire, c'est du sable et des marais derrière.

Comme dans le marais poitevin, mon chemin se faufile entre des canaux et des mares. On voit bien que l'herbe, ici, c'est des plantes d'eau.

Beaucoup d'oiseaux nichent dans cette zone humide, même une cigogne que vous voyez perchée sur une balle de foin.

La pluie a un peu ralenti, j'en profite pour sortir l'appareil photo et tenter d'immortaliser la cigogne. Mais elle reprend très vite et je m'excuse auprès de mon appareil photo tout mouillé ! Quelle vie je lui fais mener !

En plus une vue du chemin parfaitement droit :

Enfin je le quitte et pars sur la droite alors que la pluie redouble. Je tire ma cape sur le devant pour essayer de protéger mes pieds. Vaine protection ! Mon chemin est maintenant herbeux et je dois choisir de marcher soit dans les ruisseaux qui coulent à gauche et à droite soit au milieu dans l'herbe détrempée! De toute façon je serai trempée des pieds à la tête. Comme lors du tremblement de terre j'attends avec impatience le moment où ça va s'arrêter, mais il me faut marcher longtemps ainsi pour arriver à Grayan. L'orage se rapproche, les éclairs et le tonnerre sont presque simultanés, et pas un endroit pour m'abriter! Je rêve d'arriver à la chapelle pour m'y réfugier mais elle n'est indiquée nulle part. Par contre je vois la supérette où je voulais faire quelques emplettes !

Après cela, les éléments cèdent un peu le pas, mais comment faire pour manger ma boîte de salade parisienne dans cet univers trempé ? Je retrouve mes balises et m'engage donc dans une forêt où je ne peux m'arrêter si je ne veux pas me faire dévorer par les moustiques !

Je décide donc de m'arrêter au premier camping que je trouverai ou alors à l'Euronat où sont Christiane et JP.

C'est alors qu'un automobiliste s'arrête et me propose de m'emmener... où donc? le premier camping, c'est Tastesoule, imitation du camping Paradis de la télé ! Hier soir ils ne m'avaient pas répondu au téléphone, mais aujourd'hui on me propose un bengali de toile comme j'ai déjà eu plusieurs fois.

Ça fera bien l'affaire ! Je suis heureuse de me poser au sec, et de pouvoir tenter de sécher mes affaires!

Et tant pis si je n'ai pas fait les 27 kilomètres prévus, mais seulement 18!

Une éclaircie me permettra même de faires quelques longueurs dans la jolie piscine du camping.