Entre le Mont-Saint-Michel et Saint-Jacques-de-Compostelle

Encore une belle journée, que je craignais à cause du kilométrage (27 kms annoncés) et de la chaleur, mais qui s'est très bien passée.

Le matin de bonne heure je m'extrais le plus doucement possible de la chambre où dorment encore mes quatre compagnons, je prends mon petit déjeuner à la cuisine puis je récupère mes affaires comme un voleur et à 7h30 je suis dehors!

Dans les grandes avenues désertes ou presque, je cherche mon chemin... et déjà l'ombre! J'avais un peu espéré rogner sur ce début de parcours, car Alexandra, rencontrée dans cette villa Zénith, avait envisagé de m'avancer un peu en voiture, mais cela n'a pas pu se faire. Je ne l'ai pas regretté, une fois sortie des immeubles de cette ville balnéaire, j'ai eu beaucoup de plaisir à traverser ce "site du Lion" , immense espace de forêt lumineux et paisible (en attendant le rush des touristes!) aménagé sur la dune pour les loisirs de tous!

Du km 97 à presque 99, c'est le site du Lion.

On voit sur la carte plusieurs sentiers franchir la dune vers la plage. J'en ai pris un pour aller saluer encore une fois l'océan, mais l'escapade fut rude car monter sur la dune dans le sable est pénible. Mais quelle récompense !

Ce n'est qu'un au revoir, bel océan !

J'ai un peu de mal à retrouver un chemin pour redescendre, j'en profite pour bien admirer la dune !

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le mouvement des dunes.

Très vite je retrouve l'inévitable piste cyclable; il faut dire qu'aujourd'hui ça m'arrange car elle va me faire gagner 1,5 kms sur le chemin de Compostelle !

6 kilomètres de piste et je serai à Longarisse, sur le lac de Lacanau! Je prends mon courage à deux mains et je me lance, tout en "révisant" mes chansons pour la Saint Jacques, en vérifiant l'exactitude de mes textes:

"Si le chemin t'appelle va ne résiste pas... Des rencontres tu feras, des amis tu trouveras, pour toi la vie chantera au rythme de tes pas...le bonheur t'attend". Oui, des rencontres, j'en ai fait! Des amis (éphémères, mais qu'on n'oublie pas.. ), aussi!

Et ma vie chante tous les jours dans la nature,avec les oiseaux et les grillons, dans les gestes d'amitié fugitifs que je peux échanger, dans les gestes d'aide qui me sont proposés, le bonheur est là... dans une vie simple, dans la contemplation de l'océan, des champs et des forêts, où tu pourrais chaque jour chanter le psaume de la Création, et ce,malgré les moments de doute ("Parfois tu as douté, parfois tu as souffert, mais dans ton cœur tu ne pouvais abandonner..."), malgré les moustiques, la fatigue et les ampoules!

Tout cela mérite bien un "Ô merci, mille mercis, Chemin de vie..." ou un cri de joie comme Glory Alléluia...

Tout à coup un cycliste surgit: "vous allez à Compostelle ?". Lui aussi est pèlerin multirécidiviste, mais il ne fait plus de chemin en France à cause du problème de l'hébergement. C'est vrai, et d'autant plus en des régions touristiques comme ici où chacun veut gagner le plus possible sur le "client"! Il me parle aussi des grands projets du maire de Lacanau: faire de sa ville la plus grande station balnéaire !

Premières vues du lac

Je débouche au bord du lac dans une zone apparemment très  prisée. En ce samedi matin très chaud beaucoup de familles se réunissent ici pour prendre du bon temps et pique-niquer.

Je suis surprise de voir l'herbe si belle et verte...

Après la pointe du Bernos, mon chemin longe le lac dans des endroits plus "nature".

Une petite crique paradisiaque avec vue sur un magnifique banc de nénuphars en fleurs va m'offrir une belle pause pour déjeuner... et percer mes ampoules qui reviennent en force!

Plus que 1100 kilomètres jusqu'à Compostelle !

Une fois le lac quitté, je retrouve la forêt "classique" ici, avec ses grands pins et ses arbousiers, puis de grandes plantations de jeunes pins. Enfin je m'enfonce dans les fougères envahissantes et le sable d'un sentier peu utilisé apparemment le long du canal des étangs : 2 kilomètres très pénibles à jouer des bâtons pour me frayer un passage! Sans compter sur les zones à moustiques !

Ah mes pauvres chaussures neuves, vous en aurez vécu, des choses, vous en aurez à raconter à vos sœurs plus âgées sur l'étagère, entre les folles herbes traversées, le sable humide qui vous colle dessus comme du béton, l'eau qui vous envahit... Si je vous ai maltraitées, je vous demande pardon... C'est le Chemin !

De temps en temps on entrevoit le canal et ses nénuphars.

Pour terminer encore plus péniblement et même dangereusement mon étape, une portion de 4 kilomètres de route étroite, fréquentée, sans bas-côtés, sans ombre, sous un soleil de plomb! "Parfois tu as douté, parfois tu as souffert..." mais aussi "saint Jacques sera là": une voiture s'arrête, à bord Amaury et Alexandre me proposent de m'avancer sur mon chemin ; 2 kilomètres, ce n'est rien... Mais parfois c'est beaucoup !"Elle est à toi, cette chanson, toi, l'auvergnat qui sans façons..."

Merci à tous les deux pour votre gentillesse, me voilà au Porge où je fais un crochet par l'église

avant de me réfugier dans un havre de fraîcheur, la maison de Christine qui m'accueille avec générosité et confiance bien qu'elle doive s'absenter en soirée. Un bon moment d'échanges chaleureux et sympathiques avant de dîner en solitaire, enfin presque, puisque le chien est là... et attend sa maîtresse !