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Ce matin réveil un peu nostalgique... une fois de plus seule dans ma chambre d'hôtel, situation qui a au moins l'avantage de me permettre de mettre le blog à jour!
De plus, ma chambre donnant sur une rue étroite ne laisse pas voir le soleil.... Mais une fois dehors.... je vais me régaler encore une fois à la vue de l'océan ! Le site de Saint Sébastien est toujours aussi merveilleux.
Je tente de visiter la cathédrale, mais une Messe est en cours.
Je pense à aller voir le marché, mais en réalité ce que j'ai vu sur mon plan n'est qu'un supermarché, je repars donc une dernière fois vers la plage et décide d'aller voir Hendaye sous le soleil, en attendant l'heure de mon train pour Paris.
Je pars donc à la découverte de de l'Euskotren, genre de tramway plus développé qui relie les petites villes de la vallée de la Bidassoa jusqu'à Hendaye. Pas besoin d'arpenter les crêtes comme hier, aucune difficulté, je reconnais au passage le nom de Pasaia ...
Au bout de 40 minutes de trajet, me revoilà en France, à la gare d'Hendaye.
Il fait le plus beau soleil, quel changement depuis dimanche !
De l'autre côté de la Bidassoa, je contemple non sans fierté tout le chemin de crête que j'ai parcouru hier, de la Guadalupe jusqu'au sommet du Jaizkibel.
La baie de Txingudi (formée par l'estuaire de la Bidassoa) arbore des couleurs lumineuses sous le soleil.
Au fond, le port d'Hendaye...
Au revoir, le Jaizkibel !
La belle histoire se termine donc sous le soleil, je reviens enrichie de nouvelles découvertes, de quelques rencontres sympathiques, d'une nouvelle collection de photos, mais un peu déçue par le côté "Chemin", presque inexistant jusqu'à Bayonne. Merci à Saint Jacques de m'avoir permis de terminer sur un bel épisode pèlerin ! Et merci à tous ceux qui m'ont suivie et soutenue pendant ces deux semaines de pérégrinations !
24 juin Irun - Saint Sébastien
Une journée fatigante, mais tellement belle! 28 km de montées et descentes plutôt raides dans la boue et les cailloux, c'est quand même un peu sportif ! J'en rêvais, j'ai essayé, je l'ai fait : je suis montée au sommet du Jaizkibel ! Et la vue était superbe!
A l'albergue d'Irun on ne plaisante pas, à 8 heures les pèlerins doivent être dehors.
Je pars seule, histoire de marcher à ma vitesse de vieux diesel, mais Saint Jacques n'est pas de cet avis, il a décidé de nous faire marcher en une joyeuse équipe et très vite je retrouve Nadège et Jocelyne, et Moira, pèlerine irlandaise qui comme moi termine son chemin aujourd'hui.
Enfin je retrouve les belles lumières du matin que j"aime tant! Des lambeaux de brume enveloppent encore le paysage d'une élégance un peu mystérieuse, mais le soleil est ressorti de dessous sa couette !
Au loin je distingue déjà le sanctuaire de Notre-Dame de la Guadalupe.
Tout autour de moi, des étangs scintillent au soleil...
Les balises portant l'inscription de Saint Jacques en langue basque jalonnent mon chemin.
Très vite la montée se corse, le chemin dans la forêt est très mouillé, caillouteux et boueux.
Mais la Guadalupe m'attend sous le soleil.
J'entre avec précaution dans le sanctuaire à cause de mes chaussures crottées.
La voilà, la Vierge noire!
En sortant, j'ai le choix entre deux caminos de Santiago ,celui qui continue sur le flanc de la montagne, et celui qui passe par la crête. La météo me semble assez favorable pour tenter de passer par le sommet (c'est l'enfer là-haut par mauvais temps, mais la vue y est sublime s'il fait beau m'avait dit Jean-Luc, mon hospitalier de Guétary). Allez, on y va! Je compte sur toi, soleil ! Une première récompense m'attend dès le début de la montée : l'océan, d'un bleu de carte postale apparaît au pied de la face nord de la montagne.
D'autres pèlerins ou randonneurs montent aussi sur le chemin de crête...
La limite entre le ciel et l'océan est encore floue, mais le gris d'hier a laissé la place à un beau bleu !
Côté sud-est (côté français), on a un peu de mal à distinguer à cause du contre-jour, mais elles sont là, la Bidassoa et la plage d'Hendaye, ainsi que le port!
Au pied de la première tour de garde, je veille!
Et un peu plus loin, surprise ! Miracle du Chemin... Elles sont là, mes compagnes du jour!
Mais déjà les nuages apparaissent côté nord-ouest, on les voit monter et envelopper la vue...
S'il vous plaît, ne faites pas plus disparaître notre crête !
Un troupeau de pottoks occupe paisiblement les abords du sommet.
Arrivée au sommet: Nadège y est déjà, avec quelques autres.
La vue sur la Bidassoa s'est améliorée...
Quatre nénettes heureuses!
Parfois la brume accrochée côté nord nous offre une petite lucarne sur l'océan, ajoutant un peu de magie au spectacle.
Une descente aussi longue, caillouteuse et boueuse nous mènera à Pasaia :
Les multiples drapeaux donnent un aspect joyeux à cette partie de la ville.
Après tous ces efforts, il "fait faim", un dernier moment de convivialité avec Moira qui s'arrête à l'albergue Santa Ana de Pasaia, mais sans trop traîner, car nous ne sommes pas encore arrivées à Saint Sébastien !
Un petit bateau fait passer en une minute les pèlerins sur l'autre rive de la ria.
Mais 300 marches nous attendent pour remonter sur la falaise de l'autre côté... On fait la pause photo... autant pour reprendre un peu de souffle... mais elle est si belle, cette entrée du port de Pasaia !
Un peu plus loin, quelques points de vue nous permettent de nous régaler les yeux tout en contemplant le chemin parcouru sur cette crête !
Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines, nous n' en avons pas fini avec les rochers, les montées et les descentes...
La fin du parcours semble très longue, des kilomètres de ville s'ajoutent à la fatigue du jour... Nadège et Jocelyne prendront le bus pour arriver à l'albergue de l'autre côté de la ville. Nos chemins se séparent ici, car moi je termine momentanément l'aventure dans la dernière chambre d'un petit hôtel plus près du centre.
Pour m'y rendre, je passe devant la plage de San Sebastian, à marée haute :
23 juin Guétary - Irun
Si l'on veut résumer cette étape en un mot, on dira: pourri!
Troisième jour de pluie... On se lasse... Mais j'ai quand même atteint les 30 km, ce qui m'a permis de rejoindre Nadège et Jocelyne rencontrées au refuge de Bayonne.
L'étape est longue, et il faut rajouter les détours faits à cause des zones interdites suite à des éboulements.
La côte au niveau de Guétary fait grise mine...
Mon bel océan serait presque porté disparu, s'il n'y avait pas l'écume sur les rochers et son mugissement.
Heureusement pour moi il y a des toilettes à chaque plage, si bien que je peux récupérer du PQ sec pour sécher mes lunettes et mon écran de téléphone, d'ailleurs celui-ci commence à donner des signes de malaise, sans doute n'aime-t-il pas l'eau... Mais je ne vais quand même pas lui donner du vin quand je n'en bois pas moi-même ! Il faudra qu'il fasse avec, comme moi !
Quelle tristesse alors que l'arrivée à Saint-Jean-de-Luz a normalement quelque chose de magique ! Il faut que je me plonge dans mes souvenirs pour trouver du charme à ce paysage.
Les montagnes ont complètement disparu, plus de Rhune, plus de Jaizkibel...
Je me réfugie dans une crêperie pour m'égoutter un peu et reprendre des forces, puis je traverse la ville pour rejoindre mon chemin à Ciboure.
Les manèges nombreux et les stands de foire m'empêchent de m'orienter correctement.
Malgré tout la fête met de la joie au cœur !
Mais il me reste beaucoup de kilomètres à faire jusqu'à Irun.
Je renonce à prendre le chemin côtier dans ce brouillard ou ce crachin et je m'engage sur la piste cyclable qui va vers Hendaye, le long de la rivière.
C'est un endroit que je ne connaissais pas et je vais découvrir l'intérieur des terres, la campagne basque avec ses forêts, ses prés, ses chèvres (peut-être celles qui ont donné le lait pour confectionner la base de ma galette de midi ?), je vais même monter sur un chemin des crêtes... où à un moment béni soudain le ciel s'entr'ouvre et laisse apparaître la silhouette de la pointe du Figuier (celle qui termine le Jaizkibel dans l'océan).
Non, ce n'est pas une hallucination ! Il fait un peu jour!
Et c'est ainsi que montant et descendant, je finis par arriver à Hendaye
et lentement mais sûrement au fameux pont Saint-Jacques
Le chemin vers l'albergue d'Irun me paraît encore très long, mais je serai récompensée par un accueil chaleureux et les retrouvailles avec Jocelyne et Nadège. Je ne boirai pas ma bière toute seule !
22 juin Bayonne - Guétary
Heureuse d'avoir retrouvé enfin la "civilisation jacquaire"! Le refuge Saint-Jacques de Bayonne est une véritable plaque tournante où se croisent pèlerins en partance, pèlerins en cours de chemin ou en fin de parcours... Chacun a son histoire, chacun sa nationalité, française, belge, espagnole, canadienne... Du coup grande effervescence ce matin dans le gîte : les uns partent sur le chemin du Baztan, les autres sur le camino del Norte, les autres partent prendre le train pour rentrer chez eux.
Pour moi ce sera une étape de 25 km environ qui doit me conduire à Guétary.
La météo reste très maussade, petites et grandes averses vont se succéder, mais entre ces ondées il arrivera au ciel de s'éclaircir !
L'idée du jour, c'est de contourner plus ou moins l'agglomération de Bayonne, en suivant au départ la Nive puis l'Adour, en passant par Anglet, pour rejoindre la côte et Biarritz. C'est un peu plus long mais le site de Biarritz est tellement beau !
La Nive
Le confluent de la Nive et de l'Adour
Quand je passe à Anglet, après avoir quitté l'Adour, je me réjouis de trouver une boulangerie où je pourrai acheter mon repas de midi et même un petit supplément gourmand pour compléter mon petit-déjeuner qui est déjà loin. Dans le magasin des petits morceaux de pain spécial sont proposés à la dégustation : c'est ce qu'ils appellent la baguette du soleil, rien que pour ce nom on l'achèterait !Elle est faite avec je ne sais quelle farine,du maïs et beaucoup de graines, c'est vraiment délicieux et à elle seule cette baguette est presque un repas! Je me laisse tenter ! À côté de ma table, un couple s'installe, ce sont des touristes suisses, et nous discutons un moment (petite révision de mon allemand au passage !)
Après 7 ou 8 km j'arrive enfin au niveau de l'océan. Ce n'est plus comme dans les Landes, il faut monter et descendre car maintenant ce sont des falaises que nous gravissons. Je suis au pays basque maintenant, je l'avais remarqué aux noms des villages, riches en K et en Z, et aux bérets que portent certains hommes.
Je vais chercher d'abord la "chambre d'Amour" dont m'avait parlé Yvette: je voulais la dédier à mon chéri préféré et unique, mais quand j'ai lu la légende concernant cette grotte j'ai renoncé : les deux amants cachés dans la grotte seraient morts noyés!
Le passage par Biarritz est long, sportif à cause des montées et descente de multiples escaliers, mais magnifique !
Le phare de Biarritz sur sa falaise.
Les hortensias et les tamaris sont une partie essentielle du décor.
Impressionnante construction dans une descente de la falaise.
Le rocher de la Vierge, un morceau de falaise qui résiste encore à l'océan.
La Vierge semble regarder vers la Grande Plage.
Quand j'arrive à ce magnifique point de vue, une surprise de taille m'attend : quelqu'un m'interpelle par mon prénom : Claude et Béatrice sont encore une fois sur mon chemin ! Quel plaisir de les rencontrer ! Eux, ils ont atteint le but de leur voyage, Biarritz. Dans 2 jours ils rentreront en Suisse.
À la plage des Basques, une impressionnante compétition de surf.
Mais ce qui m'impressionne le plus, c'est la vue qui se dégage un peu sur les Pyrénées, et en particulier sur les sommets de la côte basque que je connais : la Rhune, et côté espagnol, le Jaizkibel, par où je passerai d'ici deux ou trois jours !
Les surfeurs
Merci au soleil de faire une vague apparition pour que je puisse voir cette côte encore un peu lointaine !
Le sentier côtier est coupé en de nombreux endroits en raison de travaux de sécurisation, suite à des éboulements. La chapelle Sainte-Marie-Madeleine est elle aussi en travaux.
J'arrive enfin à Bidart, je ne suis plus loin du but, mais je découvre quelques instants le centre de cette petite ville basque et son église.
Le type même une église basque avec ses balcons au-dessus de la nef.
Et pour me prouver qu'il est bien là, une magnifique statue de Saint-Jacques !
Maison typiquement basque
Malheureusement, cette charmante visite de Bidart me vaut une grosse averse de plus, si bien que je vais arriver complètement trempée à l'auberge Geo, après beaucoup de difficultés pour m'orienter sous les cordes qui tombent. Hélas, personne sur place, une boîte à clé que m'indique le propriétaire au téléphone me permettra d'entrer.
Moi qui imaginais une soirée comme celle de la veille, entre pèlerins, je ne verrai que le propriétaire qui passera vers 18h. Le gîte est très confortable, et Jean-Luc le propriétaire m'allumera même un peu de feu pour sécher mes affaires. Mais je reste seule... certes dans un beau cadre qui crie Compostelle de tous les côtés par la déco et les citations sur les murs.
21 juin Labenne-Océan - Bayonne
Quelle journée ! Après quelle nuit! En entendant tomber toute cette pluie sur la toile de mon Coco Sweet, j'étais heureuse de ne pas être dehors à ce moment-là !
Je me disais que ce qui était tombé ne tomberait plus, mais ce matin, le ciel était encore plein de ressources... malgré les prévisions de météo radar relativement optimistes..
Et ce qui devait arriver arriva... A peine partie je fus bénie de quelques gouttes, qui devinrent rapidement une impressionnante averse, phénomène super efficace pour me tremper complètement en quelques minutes, malgré mes tentatives pour me mettre à l'abri.
Mouillée ou pas, je continue vers la plage de Labenne-Ocean qui est très proche ... et le soleil revient doucement.
Toujours aussi beau...
Un chemin aménagé avec des caillebotis sur la dune me permet de profiter encore un peu plus longtemps de la vue. Même plus ! Soudain un rayon de soleil vient me réchauffer par derrière... Qu'il soit le bienvenu ! Je pose mon sac, j'enlève ma veste trempée, je la secoue au vent, je bats des ailes comme les cormorans pour sécher mon t-shirt qui lui aussi est trempé.
Tout en battant des ailes, j'admire encore ce beau spectacle de la dune avec sa végétation.
Me voilà donc plus à l'aise, il ne me reste plus qu'à rejoindre ma piste cyclable, toujours tout droit !
Quelques rencontres sympathiques vont égayer ce parcours un peu monotone : une classe de jeunes enfants (sans doute CP ou CE1) passe, encadrée par des maîtresses et probablement des parents, ils me font tous de joyeux signes d'amitié, de grands bonjours, ça fait plaisir! Et puis ce couple de cyclistes suisses, anciens pèlerins, Claude et Béatrice, qui s'arrête pour bavarder un peu, ils vont jusqu' à Biarritz. Et puis... Marie-Noëlle, dans un groupe de cyclistes, qui abandonne provisoirement ses amis pour "discuter Saint Jacques".
Mais bientôt je suis à nouveau récompensée: une nouvelle plage, la plage d'Ondres.
Une nouvelle menace pluvieuse apparaît, c'est vrai que sur la dune je suis aux premières loges pour voir arriver les ondées.
Soudain, alors que je marche vers une nouvelle plage, je vois revenir Claude et Béatrice, ils n'ont pas trouvé la piste cyclable qui longerait la dune. Peu de temps après, je me trouve devant le même problème : j'interroge les maîtres nageurs sauveteur de la plage, ils me disent qu'il n'y a pas de chemin. Pourtant sur la carte j'ai une trace ! J'interroge Google maps : lui aussi me montre un chemin que je finis par trouver, mais je ne le suis pas car il est trop inondé. Je me résigne à prendre la route... Ça n'a pas beaucoup d'intérêt et quand je vois un arrêt de bus, je me dis: c'est ça la solution ! Au bout d'une vingtaine de minutes, un chauffeur sympathique m'accueille dans son carrosse, il a l'air de bien connaître ses habitudes et il a le sens de l'humour, c'est un trajet agréable d'une bonne demi-heure que je fais pour arriver à Bayonne. Et je n'ai rien à regretter car le parcours est urbain et peu intéressant.
Par contre la soirée et la nuit au refuge Saint-Jacques de Bayonne ont un véritable intérêt : pour la première fois j'ai un refuge jacquaire , tenu par Yvette, très attentionnée envers chacun de ses pèlerins ! Pour la première fois, je rencontre du monde dans un gîte, de différentes nationalités, des Français, des Belges, une canadienne, et des Espagnols ! Je vais pouvoir essayer de faire quelques phrases en espagnol et tout ça est bien sympathique !
Un petit tour dans la ville de Bayonne me mène bien sûr à la cathédrale.
Les apôtres et parmi eux Saint-Jacques
Le cloître
Et pour finir la journée, quelques extraits de la fête de la musique!
Un chœur basque