21 septembre 2023: de Ribadiso à A Rua (O Pino)
C'était donc vrai ? ce que nous disait hier soir un français ( oui, on en trouve parfois, mais rarement !) au restaurant... il se demandait s'il allait vraiment finir ce chemin jusqu'à Santiago tellement il était déçu par le changement d'ambiance sur la fin du camino: le trop de monde fait qu'on ne se parle plus, on ne s'entraide plus, on ne se voit plus...
Je croyais avoir trouvé une solution en me réservant de petits espaces de tranquillité... Mais ce matin j'ai quand même eu ma vague de dégoût en voyant la masse de bagages entreposée dans les entrées des auberges et hôtels, attendant d'être chargés dans des voitures ou camionnettes, le nombre de bus et de voitures en attente de pèlerins, le nombres de voitures s'arrêtant devant les endroits où sont mis à disposition des tampons pour les credenciales, la pile de credenciales que certains tamponnaient, la queue occasionnée par la présence de ces sacro-saints tampons... ou dans les bars...
Pour faire pipi c'est la queue de gauche, pour un café celle de droite...
Je plains le personnel de service dans ces conditions... Mais il est affiché au mur en espagnol bien sûr : " le touriste exige, le pèlerin remercie". Combien de pèlerins ?
Je connaissais les bouchons sur les routes et autoroutes, maintenant je connais aussi les bouchons sur le Camino! A Arzua, j'ai rencontré deux cyclistes français et nous avons bavardé, ils me disaient qu'ils n'avaient pas trouvé à se loger à Santiago, même les hôtels à 250€ la chambre sont complets! Ils logeront donc à Lavacolla, finiront à pied et rentreront à leur hébergement en bus! Du fait de ce petit arrêt avec eux évidemment j'ai perdu Nina, et impossible de la rattraper dans cette foule munie de mini sacs à dos. J'avais beau mettre le clignotant à gauche, impossible de me frayer un passage. C'est elle qui a fini par m'attendre...
Pas mieux pour faire des photos... il faut les prendre au vol quand on trouve en créneau dégagé et surtout ne pas s'arrêter si on ne veut pas se faire "enfermer" de nouveau!
Souvent les châtaignes jonchent le sol détrempé... la terre malaxée par le passage de milliers de chaussures ressemble vite à celle piétinée par un troupeau de vaches... on en regretterait presque le goudron !
J'ai quand même eu le plaisir de voir un peu le soleil se levant derrière nous, quelques espaces forestiers et campagnards, de lancer un "buen camino" aux pèlerins chargés d'une vraie "mochila" ou aux quelques rares autres qui avaient encore l'idée de saluer, mais ça ne m'a pas coûté beaucoup de salive!
Autre petit plaisir... avec la Guardia Civil qui veille sur les pèlerins, il y avait un jeune gendarme français, plutôt beau garçon au demeurant, avec qui j'ai pu causer un peu: il est là au titre d'une collaboration franco-espagnole, la Guardia Civil envoie aussi des hommes en France. Bien sûr, après ça, quelques efforts furent nécessaires pour rattraper Nina!
Quelques kilomètres avant l'arrivée, nous avons décidé de faire une petite pause sur la terrasse d'un bar: pas la peine de consommer, le personnel est tellement débordé que ça ne gêne personne ! Mais pendant ces quelques instants le temps a changé, un grand coup de vent et la pluie est arrivée, ceux qui mangeaient sur la terrasse ont dû s'habiller pour manger leurs bocadillos désormais arrosés, nous nous sommes équipées et nous sommes reparties pour deux à trois kilomètres sous la pluie.
Mais en voyant tous les autres encapuchonnés, de toutes les couleurs (plutôt gaies!) je me suis dit qu'au final tout le monde peut être pèlerin sous la cape! Petite leçon d'humilité... à chacun son chemin (même si c'est dur de voir "les gens à petits sacs" encombrer les albergues!)
Nous avons fini dans une sympathique auberge "Espiritu Xacobeo", la bien nommée, où nous avons été très chaleureusement accueillies par l'hospitalière qui nous a conseillé un excellent restaurant où nous nous sommes régalées. Dans cette auberge, peu de valises, on préfère les pèlerins à sacs à dos, ça change l'ambiance, on se sourit, se salue, on se parle... Et les installations sont au top! Et j'ai une couverture à mettre sur mon "sac à viande"!
Nous avons la chance d'avoir dans les lits au-dessus de nous deux jeunes allemandes sympathiques d'une vingtaine d'années, qui elles aussi sont très déçues par cette fin de chemin...
A demain, pour vous annoncer la bonne nouvelle de notre arrivée à Santiago !
Rassemblement pour un tampon
En avant toutes et tous!
L'église d'Arzua
Dans l'église d'Arzua
Au bord du chemin, des artisans vendent leurs créations, ici un sculpteur sur bois
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